Renaissance - Les Indulgences au temps de Luther


Selon les manuels, les Indulgences pontificales seraient des documents achetés qui promettaient de passer moins de temps au Purgatoire.

Robert Bellarmin (1542-1621), savant théologien jésuite, cardinal, canonisé en 1930, docteur de l'Eglise en 1931, rappelle ce qu'est une indulgence: "rémission des peines temporelles qui restent à subir, après que la faute a été remise et la réconciliation obtenue avec Dieu dans le sacrement de pénitence; rémission que les papes, compatissant à la faiblesse des fidèles, accordent à certaines époques, et pour de justes causes." (.) "Il n'y a dans les indulgences aucun honteux trafic; le fidèle aide par son aumône une oeuvre agréable à Dieu et recommandée par l'Eglise; l'Eglise, en retour, lui concède pour lui ou pour d'autres, ce grand bien spirituel qu'est l'indulgence."

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Notes prises à partir de la conférence de Jean Chaunu (en mai 2009):

"Il faut rappeler aussi ce que sont les indulgences. D'un point de vue théologique, il y a d'excellentes mises au point doctrinales: Paul VI, 1967. Conception traditionnelle rappelant que le péché est un désordre. La peine éternelle due à un péché grave est remise par l'absolution, la peine temporelle acquittée par la pénitence. L'accent mis sur la pénitence est un élément très important de la piété médiévale. Cf. pénitencier irlandais. Les indulgences sont un équivalent miséricordieux aux pénitences rigoureuses qu'imposait l'Eglise ancienne. L'indulgence est remise totale ou partielle de la peine temporelle de péchés qui ont déjà été pardonnés. La notion est souvent mal comprise. 
"Elles sont apparues lors de la première croisade, concile de Clermont 1095; et se sont développées à l'occasion des jubilés, en particulier celui de 1300. En 1505, commence la construction de la basilique St-Pierre de Rome; le pape a prononcé une indulgence jubilaire renouvelée par Léon X, qui pouvait être obtenue moyennant les conditions habituelles, c'est-à-dire confession des fautes, communion, accomplissement d'une bonne œuvre par un sacrifice pécuniaire - aspect qui disparaîtra de la discipline catholique après la réforme luthérienne - Des prédicateurs de l'indulgence reçoivent des pouvoirs particuliers pour administrer le sacrement de pénitence.
"Se rappeler que, point important parce systématique dans les manuels scolaires, et cela a été reconnu par les historiens protestants: il n'y a jamais eu mise en vente des indulgences, et encore moins de la rémission des péchés. Cela relève d'une légende. 
Les conditions de la prédication de ces indulgences en Allemagne se sont déroulées normalement ou à peu près. Il y a simplement qlq chose qui suscite la controverse: l'archevêque de Mayence, Albert de Brandebourg (1490-1545), va utiliser une partie des recettes de ces indulgences pour obtenir une situation de complaisance pour cumuler plusieurs évêchés. Cette affaire, pas loin d'une pratique simoniaque, est un des aspects de cette crise. C'est à cet évêque que Luther s'adressera pour lui faire part d'un certain nombre d'abus. Luther, lui-même confesseur, a pu observer un certain nombre de laxismes par rapport à la réception de ces indulgences. Luther adressera un rapport à cet évêque, ainsi que les fameuses 95 thèses."

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Sur la querelle des indulgences, on peut aussi lire les pages 42-46 de Luther, par Aimé Richardt. On y apprendra plus de détails sur le problème particulier du chapitre de la cathédrale de Magdebourg, et de la dispense papale suscitant un emprunt financier tellement difficile à rembourser qu'une partie de la collecte fut consacrée à cela, et non à la construction de la basilique de Rome. 
Sur l'indulgence elle-même et son lien avec l'argent: on verra que le sacrifice pécuniaire était prescrit par le confesseur, et tenait donc compte de ce que le pénitent possédait.

Il est absolument hors de propos de déclarer que le Salut serait vendu aux riches, et que les pauvres en seraient donc exclus.


Evoquant la naissance du protestantisme, il faudrait aussi mentionner la question du libre-arbitre, qu'Erasme a étudiée dans Diatribe sur le Libre Arbitre (1524), et dont Luther - écrivant à Erasme - disait qu'elle était la question centrale de son combat. Luther étant convaincu de l'absence de libre-arbitre, au contraire d'Erasme: "Ce que j'estime en toi, Erasme, c'est que, seul, tu as atteint le fond du débat: le libre arbitre (…) seul, tu as mis le doigt sur le noeud." (tiré du Serf Arbitre, 1525)

Il faudrait également présenter la figure de Mélanchton, très enclin à la réconciliation avec l'Eglise catholique, réconciliation absolument combattue par Luther. 

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